Par Yves Bellavance, Coalition montréalaise des Tables de quartier .
Un quart de siècle. C’est l’étape qu’a franchie la Coalition montréalaise des Tables de quartier (CMTQ) cette année. 25 ans, c’est jeune ou c’est vieux ? Tout est relatif… C’est plus jeune que la moitié de ses membres, mais c’est plus vieux que l’autre moitié. En fait, c’est un réseau en constante évolution.
Le début
Mais comment tout cela a-t-il commencé? Comme c’est le cas pour plusieurs regroupements communautaires, c’est la question de la reconnaissance et du financement qui a amené les Tables de quartier à se fédérer.
Au début des années 1990 plusieurs quartiers de la Ville de Montréal d’alors s’étaient déjà dotés de concertations locales. En 1994, la Ville de Montréal adopte une Politique en développement communautaire qui souhaite entre autres soutenir le développement local. Elle mettra en œuvre le programme Soutien financier à l’action locale qui sera finalement (après plusieurs représentations) ouvert à l’ensemble des concertations intersectorielles dans les quartiers.
Suite aux élections municipales de 1994 qui amènent une nouvelle administration, les concertations locales ont des inquiétudes quant à l’avenir de ce nouveau programme. Le 20 novembre 1995, une lettre est envoyée à l’administration municipale par la Coalition montréalaise des concertations locales de quartier. Ce premier geste collectif de l’histoire de la CMTQ est appuyé par 19 concertations locales.
Cette lettre est signée par Jacques Bordeleau, pour le Conseil communautaire Solidarités Villeray, et Marc Picard, pour Vivre Saint-Michel en santé. Jacques Bordeleau est aujourd’hui Directeur général de la Fondation Béati et Marc Picard Directeur général de la Caisse d’économie solidaire Desjardins.
Cette anecdote me permet de signaler que la CMTQ est, depuis ses tous premiers balbutiements, un lieu de formation et un terreau fertile de talents. La liste des personnes ayant gravité autour de la CMTQ et qui se sont ensuite retrouvées dans des postes stratégiques dans plusieurs organisations et institutions, voire même en politique, est particulièrement longue. Pas besoin de nous remercier pour cet apport à notre société. 😉
Déjà, il y a 25 ans, nous retrouvions l’ADN de la CMTQ dans les demandes adressées à la Ville : donner les moyens pour soutenir le travail des concertations locales sur la qualité de vie des populations et sur la vitalité de la vie démocratique, mais aussi la reconnaissance politique des concertations locales dans l’élaboration des politiques publiques et des programmes municipaux. On pourrait aujourd’hui faire un copier-coller de ces demandes.
Les premières années
Quelques mois plus tard, la Coalition montréalaise des concertations locales de quartier devient la Coalition montréalaise des Tables de quartier. Dans la première tranche de sa vie, environ une dizaine d’années, la CMTQ se concentre surtout sur la reconnaissance et le financement des Tables de quartier et les cadres de soutien qui vont se succéder.
Au début des années 2000, s’amorcent des discussions à divers niveaux pour construire un cadre de référence commun en soutien aux Tables de quartier. L’Initiative montréalaise de développement social local est lancée en 2006 lors du colloque La concertation s’expose organisé par la CMTQ. Le réseau des Tables s’agrandit notamment avec la fusion de plusieurs municipalités à la Ville de Montréal alors que les anciennes villes de banlieues se dotent aussi de Tables de quartier.
Bizarrement, les bailleurs de fonds préfèrent alors ne pas soutenir la CMTQ, se concentrant uniquement sur les Tables de quartier. C’est grâce à l’investissement bénévole de plusieurs coordinations de Tables de quartier que ce développement du réseau pourra se réaliser. Soulignons notamment la grande implication de son président Michel Roy, entre autres pour négocier l’entente de l’Initiative montréalaise.
Le rayonnement
À partir de 2009, la CMTQ prendra un nouvel envol. Réussissant à se doter d’une permanence grâce à des fonds recueillis par-ci par -là, la CMTQ peut enfin dépasser la question du financement des Tables de quartier (toujours d’actualité) pour développer ses interventions sur la place publique sur des enjeux sociaux et les politiques publiques.
Le travail à abattre est immense car les enjeux vécus dans les quartiers sont nombreux. Pas assez de place ici pour illustrer les impacts de notre travail, mais quand même notons : demande afin que la Ville adopte une politique en développement social, opération sauvetage de l’Entente MTESS/Ville de lutte contre la pauvreté à Montréal, interventions durant la crise sanitaire, etc.
La CMTQ est devenue incontournable. À preuve, depuis 2009, nous rencontrons les principaux et principales candidat.es à la mairie lors des élections municipales. Et nous allons recommencer cette année!
Et aujourd’hui
Nous allons commencer cet automne un exercice de planification stratégique. Après 25 ans, ce sera le temps de revoir notre vision et nos orientations, mais sans perdre l’essence de ce qui nous anime depuis tout ce temps.
Ce qui est acquis, et ça j’en suis convaincu, c’est que nous demeurons un réseau autonome, contributif aux changements sociaux, épris de justice sociale et d’équité. Plus que jamais nous voulons un Montréal pour tout le monde, peu importe son statut, son revenu, ses origines, l’endroit où nous habitons sur l’Île.
Et aujourd’hui, ce sera aussi le temps de fêter. Nous vous invitons à nous suivre sur nos plateformes des réseaux sociaux. Oui, nous célèbrerons ensemble en personne lorsque la situation sanitaire le permettra à l’automne, mais nous avons aussi dans nos cartons quelques cadeaux dont une Balado de quatre épisodes qui illustrera le travail des Tables de quartier (lancement à la rentrée après les vacances)… avec aussi d’autres surprises!
Merci à toutes celles et à tous ceux qui, au fil des ans, ont fait de la CMTQ le réseau important qu’elle est devenue!