Version écrite de l’intervention d’Yves Bellavance, coordonnateur de la CMTQ, lors du Moulin à Paroles de l’École d’été de l’Institut du Nouveau Monde, 16 août 2014
On nous casse les oreilles depuis des années.
« Les gens ne s’intéressent pas à la politique! » « C’est un drame, plus personne ne vote! » « Les jeunes sont dépolitisés! » « Il ne se passe rien à Montréal! » « IMMOBILISME!!! »
Mes amis, il faut vraiment être déconnecté pour tenir de tels propos…
Des centaines et des centaines d’organisations, de groupes, d’associations (appelez-les comme vous voulez), des petites, des grosses, des moyennes, des minuscules, s’impliquent concrètement et enrichissent notre vie démocratique.
Des milliers et des milliers de citoyens, membres ou pas de ces multiples organisations, s’activent quotidiennement dans leur milieu afin d’améliorer leur qualité de vie.
En culture, en environnement, sur le plan social, sur le plan économique. Et imaginez-vous donc que certaines de ces pratiques citoyennes en inspirent d’autres ailleurs sur la planète (l’économie sociale, les tables de quartier, les mouvements citoyens en culture, etc.).
Comment ça il ne se passe rien? Wow! C’est tout le contraire!
Il y en a de la participation citoyenne, de la démocratie participative. C’est ainsi que, de petits gestes en petits gestes, Montréal se façonne et évolue.
Ce qui n’existerait pas sans tout ce foisonnement citoyen, sans tous ces activistes de la démocratie, notre société ne serait pas la même :
– Il n’y aurait pas de pistes cyclables.
– Notre eau serait privatisée.
– L’agriculture urbaine ne se serait pas autant développée.
– Aucun élu n’aurait adopté l’idée du budget participatif.
– Encore plus d’édifices patrimoniaux auraient disparus; notre histoire serait passée sous le pic des démolisseurs.
– Pas de Vieux-Montréal, puisqu’on voulait y construire une autoroute!
– Il n’y aurait pas de logements abordables.
– On se préoccuperait pas mal moins des plus
défavorisés de notre société.
– Moins de voisinage, puisque la participation citoyenne contribue briser l’isolement.
– Il y aurait pas mal moins de services et de lieux accessibles aux personnes ayant des limitations fonctionnelles.
– Pas sûr qu’il y aurait autant d’étincelles culturelles : des idées comme les micro-bibliothèques ou les pianos publics n’auraient pas émergées.
– Les femmes auraient encore moins de droits.
– Il n’y aurait eu personne pour chialer contre des projets pas d’allure!
– Et même, il n’y aurait pas de partis politiques…
L’énumération pourrait être bien plus longue encore!
Bref, nous serions plus pauvre démocratiquement.
NOUS, nous tous et nous toutes…
NOUS sommes des experts.
NOUS sommes les experts de nos vies.
NOUS sommes les experts de nos milieux de vie.
NOUS avons plein de compétences citoyennes. NOUS sommes des pères ou des mères de familles. NOUS sommes des étudiants, des travailleuses, ou sans emploi. NOUS nous déplaçons. NOUS nous divertissons. NOUS vivons dans les quartiers, ce sont NOUS qui les connaissons le mieux. Et, nous pouvons l’affirmer : NOUS sommes un peu urbaniste, un peu architecte, un peu économiste, et bien autre chose.
Chacune, chacun, NOUS sommes aussi des dignes représentants de nos concitoyens.
Il ne faut donc pas avoir peur de la participation citoyenne. C’est l’ingrédient essentiel à notre vitalité et à notre santé démocratique. C’est le complément d’objet le plus direct que nous pouvons trouver à la démocratie représentative.
Alors, s’il vous plaît, accordons lui toute notre attention!
La participation citoyenne, il faut la cajoler, la cultiver! L’arroser, la faire croître, la promouvoir! Il faut y croire…
De toute façon, c‘est prouvé, la participation citoyenne, ça rend heureux!