Par Yves Bellavance, Coalition montréalaise des Tables de quartier
Une dernière année mouvementée pour la CMTQ et le réseau des Tables de quartier
Le 2 mars 2020, la CMTQ déménageait dans ses bureaux, une collègue revenait de son congé de maternité, bref, nous étions plus qu’enthousiastes en préparant un lac-à-l’épaule d’équipe pour la fin mars afin de repartir sur de bonnes bases avec une équipe dynamique et soudée.
Dix jours plus tard, nous entrions dans un nouveau monde. La vie virtuelle remplaçait la vie réelle. Moi qui croyais au départ que j’allais travailler à mi-temps à la maison pour quelques semaines. Grossière erreur…
Le plus impressionnant a été de voir que les Tables de quartier se sont rapidement adaptées à la nouvelle situation et ont fait preuve d’agilité en rassemblant très rapidement, dès le 16 mars, les forces de chaque quartier, en contribuant à la coordination du soutien à la population plus vulnérable et isolée et en participant activement aux cellules de crise locales avec les CIUSSS et les arrondissements.
Et le plus fantastique dans cette aventure, c’est que malgré l’intensité, l’épuisement, la surcharge de travail (j’ai souvent eu peur du burnout pour certain·es), elles ont été présentes lors des multiples rencontres de la CMTQ : le désir de communiquer les besoins du local à l’échelle régionale mais aussi de partager les situations vécues avec leurs collègues.
Les travailleuses et travailleurs du communautaire dans nos quartiers ont assuré et assurent toujours un service essentiel. Ils et elles ont au front depuis une longue année, malgré l’intensité, l’épuisement, la surcharge de travail, le manque de ressources. J’en suis un témoin privilégié et je considère que l’on ne reconnaît pas assez cet apport, ni dans les discours gouvernementaux ni sur la place publique.
Le 13 mars 2020, la Coalition montréalaise des Tables de quartier entrait dans un nouveau monde. La vie virtuelle remplaçait alors la vie réelle. L’appel à la solidarité dans les quartiers de Montréal et le travail de soutien à la population plus vulnérable devenaient la priorité.
Les Tables de quartier se sont rapidement adaptées à la nouvelle situation et ont fait preuve d’agilité en rassemblant très rapidement, dès le 16 mars, les forces de chaque quartier, en contribuant à la coordination du soutien à la population plus vulnérable et isolée et en participant activement aux cellules de crise locales avec les CIUSSS et les arrondissements.
À leur manière, les travailleuses et travailleurs du communautaire dans nos quartiers ont assuré et assurent toujours un service essentiel. Ils et elles ont au front depuis une longue année, malgré l’intensité, l’épuisement, la surcharge de travail, le manque de ressources.
J’en suis un témoin privilégié et je considère que l’on ne reconnaît pas assez cet apport, ni dans les discours gouvernementaux ni sur la place publique.
Vers une sortie de crise solidaire
Un an plus tard, nous entrons dans la zone des bilans et apprentissages. Nous partageons les constats des impacts de la crise sur nos membres, le quartier, les populations vulnérables et nous souhaitons les analyser. Et nous commençons aussi avec nos partenaires communautaires, institutionnels et philanthropiques, à discuter de relance, de plan de redressement.
La crise a révélé les inégalités sociales et celles-ci ont été exacerbées. C’est le constat qui est partagé par plusieurs. Notre étonnement concerne plutôt l’étonnement de plusieurs qui ont soudainement découvert la détresse d’une partie de la population, les dures conditions de vie de leurs voisin·es. Cela donne une bonne indication du chemin qu’il reste à parcourir pour avoir une société plus juste et inclusive.
Justement, il sera impossible d’assurer une relance juste et équitable sans prendre en considération les inégalités sociales tant dans la croissance économique que dans la transition socio-écologique. À cet égard, l’adoption d’une clause ou d’un réflexe tenant compte de l’impact sur les inégalités sociales de toutes les mesures de relance des trois paliers de gouvernement est un incontournable. Sinon, cette crise n’aura fait qu’accroître les inégalités sans qu’on en tire aucune leçon.
Nous devrons aussi collectivement résoudre plusieurs enjeux qui ont littéralement explosé pendant la crise, démontrant que les conditions de vie des plus défavorisé·es sont source de maladies, stress, anxiété. Et nous ne parlons pas ici seulement des itinérant·es et des personnes sans emploi, mais aussi des travailleurs·euses à petit salaire ou à statut précaire, ces nouveaux héros de la crise.
Par exemple, il est inconcevable que le développement de logements sociaux (et j’insiste de logements sociaux, pas de logements dits abordables) ne soit pas une priorité nationale. Il s’agit d’une solution pérenne aux problèmes locatifs et ce sont des milieux de vie et d’entraide. Entasser des familles dans des trop petits logements, parfois insalubres, n’est certainement la solution idéale pour mettre fin aux inégalités sociales comme l’a démontré la pandémie.
Les organismes en sécurité alimentaire de quartier (on ne parle pas ici des grosses banques alimentaires) sont à bout de souffle et peinent à avoir les ressources pour effectuer leur travail essentiel. Aucun programme de financement structurant n’est disponible. Pourtant on nous parle de politique d’autonomie alimentaire au Québec. Il faudra bien que les populations plus fragilisées aient droit elles aussi à cette autonomie.
La liste des enjeux est longue. Je pourrais parler de fracture numérique, un enjeu qui a émergé avec le télétravail et la téléclasse, de l’accès à des services de santé mentale pour les populations plus défavorisées, de la scandaleuse décision de ne pas bonifier les prestations d’aide sociale en temps de crise au même niveau que la PCU, etc.
Il faut s’attaquer solidairement à ces enjeux prioritaires si nous souhaitons une relance inclusive qui ne perpétue pas les inégalités sociales.
Les Tables de quartier ont été reconnues durant la crise comme des acteurs essentiels. Elles ont parfois joué un rôle qui n’est pas le leur en temps normal, mais elles l’ont fait avec cœur, à la partir de leur fine connaissance des enjeux et en solidarité avec les autres organismes et la population du quartier. Face à tous ces défis de relance et de redressement des quartiers montréalais, il faut reconnaître et soutenir ce rôle pivot dans les milieux.
De beaux défis pour la suite!