Par Yves Bellavance, Coalition montréalaise des Tables de quartier.
Une table de quartier a pour mission d’animer la concertation en développement social afin de contribuer à la lutte à la pauvreté et à l’exclusion sociale. Le travail d’une table de quartier est donc de rassembler le plus d’acteurs possibles du quartier pour offrir un espace de dialogue et un réseau de solidarité, dégager une vision globale des enjeux et adopter collectivement des actions à mener. Dans cette structure de développement des communautés, les organismes communautaires occupent une place particulière. Les organismes communautaires sont au cœur des actions collectives visant l’amélioration des conditions de vie des populations. Sans les organismes communautaires, les actions n’auraient ni la même ampleur, ni le même impact.
Voilà pourquoi la question du soutien aux organismes communautaires est importante pour la CMTQ. Parce qu’ils sont essentiels pour avoir une société plus juste, essentiels pour avoir des quartiers équitables et inclusifs.
Une campagne pour rehausser le financement des organismes
Les porte-paroles des organismes communautaires sont depuis plusieurs années en action dans diverses campagnes afin de sensibiliser le gouvernement du Québec au rehaussement du financement des groupes. Et ce mois de février 2022 ne fait pas exception avec l’actuelle campagne Engagez-vous pour le communautaire.
Rappelons que la Coalition Avenir Québec s’était engagée à augmenter substantiellement le soutien à la mission des organismes communautaires lors de la campagne électorale 2018, notamment lors d’un débat sur le développement des communautés que j’avais animé où le futur député Mario Laframboise s’était avancé à ce sujet.
Malheureusement, les actions gouvernementales ne sont pas allées dans cette direction. Pire, la pression qu’a exercée la crise sanitaire depuis deux ans sur les organismes communautaires, dans leurs services et interventions auprès des populations vulnérables, n’a pas été reconnue par le gouvernement.
Une série d’actions (incluant même la fermeture de plusieurs organismes) aura lieu durant la semaine du 21 février afin de demander au gouvernement un investissement supplémentaire récurrent et indexé à la mission de 460 millions de dollars par année, et ce, dès le budget 2022. Il est également demandé que le gouvernement dépose enfin son plan d’action gouvernemental en action communautaire comme il s’était engagé à le faire.
La CMTQ appuie ces demandes. Pour que des organismes soient en mesure d’agir auprès de la population et de participer activement au développement de leur quartier, il est nécessaire de leur en donner les moyens. Pour avoir un milieu de vie complet et inclusif, ça ne comprend pas seulement que des écoles et des commerces, ça prend aussi des organismes communautaires.
La CMTQ agit de plusieurs façons en soutien aux organismes communautaires
En plus d’appuyer les demandes de rehaussement du financement des organismes communautaires, la CMTQ tente, de différentes façons, de contribuer au soutien des organismes.
Ainsi, la CMTQ participe au comité de suivi de la Politique montréalaise pour l’action communautaire en compagnie du Regroupement intersectoriel des organismes communautaires de Montréal (RIOCM) et du Réseau d’action des femmes en santé et services sociaux (RAFSSS). Ce comité doit se pencher sur des recommandations issues de la Commission sur le développement social et la diversité montréalaise qui avait étudié la Politique. Parmi les sujets abordés, on y retrouve la volonté de mieux faire connaître l’apport des organismes communautaires à Montréal, mais aussi de travailler concrètement sur des mécanismes de partenariat communautaire/Ville ou encore de réfléchir aux meilleures façons de simplifier la reddition de compte.
En parallèle, nous poursuivons nos interventions afin que nous soyons pris en compte sur le plan régional en amont de la négociation de la nouvelle entente pour l’Alliance pour la solidarité (Entente MTESS/Ville de lutte contre la pauvreté). Nous croyons qu’en raison même de leur mission, la CMTQ et le communautaire doivent pouvoir contribuer aux discussions sur les orientations et priorités à ce niveau, comme cela est le cas dans certaines régions du Québec. Montréal a des enjeux particuliers et complexes en matière de pauvreté et d’exclusion sociale et les orientations de l’entente et les sommes à y consacrer doivent être à la hauteur de ceux-ci.
Enfin, la question des locaux est un enjeu très important pour les organismes communautaires montréalais. Depuis plusieurs années, la CMTQ, en collaboration avec d’autres acteurs, travaille sur cette question notamment au sein du Comité régional d’accès aux locaux communautaires qui a présenté plusieurs ateliers en soutien aux organismes.
Nous avons également contribué à la mise en place il y a un an de l’Initiative immobilière communautaire du Grand Montréal (coprésidée par Centraide du Grand Montréal et la CMTQ) afin de soutenir l’acquisition immobilière pour les organismes qui font ce choix. Nous sommes très heureux de voir les premiers fruits de ce travail collectif avec l’annonce de la concrétisation du projet du Centre social et communautaire de la Petite-Patrie.
Mais, nous n’avons pas terminé à ce chapitre, il reste encore du boulot à abattre. Surveillez entre autres d’ici quelques semaines notre lancement d’un outil d’aide à la décision pour les organismes communautaires qui réfléchissent à l’acquisition immobilière…
En conclusion, oui le gouvernement peut en faire plus et mieux pour les organismes communautaires, mais nous allons aussi travailler collectivement avec d’autres afin de trouver des solutions pour mieux les appuyer.