Mercier-Est en réseau : une communauté tissée serrée au bénéfice des populations isolées

Mercier-Est en réseau : une communauté tissée serrée au bénéfice des populations isolées

Par Virginie Frobert et Joakim Lemieux

Dans le réseau des Tables de quartier, on dit souvent que les acteurs économiques sont parmi les plus difficiles à mobiliser dans le cadre de nos actions. En ce sens, Mercier-Est en réseau se présente comme une petite révolution : l’Association des commerçants de Tétreaultville et Solidarité Mercier-Est y travaillent ensemble de manière très étroite. À table avec… Karine Sénéchal, chargée de projet et de mobilisation de l’Association des commerçants de Tétreaultville et Amélie Proulx, coordonnatrice du volet développement social à Solidarité Mercier-Est.

Mercier-Est en réseau, c’est quoi?

Adopté en 2017 par le comité de développement social dans le cadre du Projet Impact Collectif (PIC) et soutenu par Centraide du Grand Montréal, Mercier-Est en réseau a pour but de structurer tout un réseau de connexion entre les acteurs et actrices du terrain afin de permettre aux citoyen·nes de briser leur sentiment d’isolement et de recevoir l’aide dont ils et elles ont besoin. Le réseau est constitué d’organismes communautaires, d’institutions, travailleur·euses de proximité, citoyen·nes-relais, mais aussi, des commercant·es. Concrètement, Mercier-Est en réseau informe les travailleurs et travailleuses du quartier sur les ressources communautaires et leur donne des outils pour qu’ils et elles puissent y diriger les personnes en situation de vulnérabilité. Il vient susciter un « réflexe de bienveillance, d’entraide et de solidarité » envers ces populations, qui sont semble-t-il de plus en plus nombreuses à Mercier-Est, selon la Table de quartier.

Pour Karine qui assure le soutien aux membres à l’Association des commerçants de Tétreaultville, un des constats à l’origine de ce projet était que de nombreuses personnes se présentaient dans les commerces pour demander de l’aide, mais que les commerçant·es n’étaient pas en mesure de les soutenir ou de les référer adéquatement. On constatait le manque de temps des membres et on avait la préoccupation de pouvoir disposer d’un outil facilement appropriable par ceux-ci.

Dans sa recherche de solutions pour renforcer le lien entre le réseau communautaire et commerciale, Karine est aussi allée à la rencontre de chacun des organismes du quartier. C’était important pour elle de bien comprendre la mission et le rôle de ceux-ci, mais aussi d’avoir un portrait plus clair des enjeux du quartier. On a par la suite développé un système simple, mais efficace, qui répondait aux besoins et réalités de chacun : les commerces participants affichent sur leur vitrine extérieure un code QR qui donne accès à une plateforme en ligne, hébergée sur le site de l’Association, où toutes les ressources communautaires sont regroupées. Ce sont maintenant 20 commerces qui affichent ce code QR, qui a été scanné plus de 180 fois. On a également fait l’envoi de ce code QR à plus de 30 000 foyers du quartier.

Un réseau de plus en plus fort

Le code QR de Mercier-Est en réseau se retrouve aussi dans les guichets automatiques, dans les organismes communautaires et dans les HLM. Les agents et agentes terrain du SPVM disposent aussi de ce code sur une carte d’affaires. Solidarité Mercier-Est essaie maintenant de diffuser le code dans toutes les écoles. Son rôle est de rester à l’affût de toutes les opportunités pour créer des nouveaux maillages et ainsi, d’étendre au maximum ce réseau.  

Pour Karine comme pour Amélie, un tel projet a de nombreuses retombées positives. Mercier-Est en réseau renforce la solidarité du quartier en améliorant la connaissance mutuelle des différentes organisations et personnes qui y oeuvrent, au bénéfice des populations les plus vulnérables. Du côté de l’Association, on y voit également une façon de soutenir les commerçant·es qui se sentent impuissant·es devant les demandes d’aide des résident·es. La connexion entre l’ensemble des acteurs et actrices d’un milieu de vie ouvre beaucoup de possibles, mais celle entre les organismes communautaires et les commerces peut être particulièrement féconde. Pour que cela fonctionne, Karine suggère, aux commerçant·es et/ou aux associations commerciales d’oser aller à la rencontre des organismes de leur quartier, comme elle l’a fait elle-même. On invite aussi les Tables de quartier à réfléchir à des actions concrètes et simples que les commerçant·es peuvent mettre en place facilement, en tenant compte aussi de leur réalité.