Lettre publiée dans le Courrier des lecteurs du 29 octobre 2014, La Presse
Les présentes élections scolaires comportent un enjeu qui occulte tous les autres : l’avenir des commissions scolaires. Mais il ne faut pas oublier tous les autres enjeux!
La mission première de l’école est d’instruire et de former nos enfants, dans un environnement sain et sécuritaire. Cependant, l’éducation et la réussite scolaire ne se limitent pas au strict cadre de l’école.
L’école n’est pas isolée de la société et les inégalités sociales ne disparaissent pas magiquement lorsque ses portes se referment. La réussite scolaire est dépendante du contexte social et familial, des conditions économiques et de la valeur accordée à l’éducation dans l’ensemble de la société. D’où la nécessité d’agir au-delà de l’intervention académique et de créer des ponts avec la communauté.
La réussite à l’école n’est pas possible dans un contexte de pauvreté, de méconnaissance de la langue, d’isolement culturel ou de faim. La situation est particulièrement épineuse à Montréal, où nous devons relever de nombreux défis. Ce qui explique que les commissions scolaires de l’île de Montréal ont choisi au fil des ans de s’investir dans des mesures visant le soutien alimentaire, l’intégration des nouveaux arrivants ou le maillage avec la communauté.
La Commission scolaire de Montréal (CSDM) est même allée plus loin en soutenant des organismes communautaires, des cuisines collectives, des tables de quartier ou des CPE. Elle le fait en louant à faible coût des locaux dans ses bâtiments excédentaires ou en soutenant financièrement des projets communautaires. Parce que ces organismes représentent une valeur ajoutée dans la recherche de la cohésion sociale et le rapprochement avec les écoles.
Voilà pourquoi la CSDM a aussi soutenu pendant une trentaine d’années six centres d’éducation populaire qui sont aujourd’hui menacés. Des centres qui, par cette autre forme d’éducation, rejoignent ceux qui se sont le plus éloignés du réseau scolaire. Voilà ce que nous appelons la mission sociale d’une commission scolaire. Malheureusement, le ministre Yves Bolduc a dit en août que la CSDM doit se centrer uniquement sur sa mission éducative et délaisser sa mission sociale, dont la location d’espaces aux organismes communautaires.
La mission sociale d’une commission scolaire est inséparable de sa mission éducative. Nous espérons que ce rôle sera clairement réaffirmé par des engagements de tous les candidats dans l’actuelle campagne. Et nous espérons aussi que le gouvernement du Québec poursuivra sa réflexion et ira plus loin que la simple logique comptable.
Yves Bellavance, Coalition montréalaise des Tables de quartier