S’occuper d’autre chose que des nids de poule !

S’occuper d’autre chose que des nids de poule !

Par Yves Bellavance, Blogueur invité à La Presse 7 janvier 2013
« Quel avenir pour Montréal ? » La Presse. Chaque lundi, un blogueur invité a pour mandat de nous dire de quoi Montréal a besoin, concrètement. Cette semaine, Yves Bellavance, coordonnateur de la Coalition montréalaise des Tables de quartier, se prête au jeu.


Montréal n’est pas une ville comme les autres. Si un quartier comme Côte-des-Neiges était une ville, celle-ci se classerait au dixième rang des municipalités québécoises en terme de population. Voilà pourquoi Montréal est une métropole.
Et en tant que métropole, elle a des responsabilités particulières qui nécessitent une planification intégrée, un plan de match.
Il y a des enjeux qui s’imposent d’eux-mêmes : le développement économique, le transport, les services de base, la fiscalité. Mais nous entendons rarement parler de développement social. Pourtant, 29% de la population montréalaise vit sous le seuil de faible revenu et 40% des travailleurs gagnent moins de 20 000 $ par année.
Ça fait beaucoup de monde qui en arrache. Beaucoup de gens pour qui le logement bouffe la plus grande part du budget, mais qui s’alimentent peu et mal. Des gens qui ne peuvent se payer le transport en commun sur une base régulière, qui n’inscrivent pas leurs enfants à des activités sportives ou culturelles, qui vivent le long des voies routières qui polluent poumons et oreilles.
Comment se fait-il que le sort du tiers de la population n’occupe pas davantage l’espace public? Montréal ne peut se préoccuper que des nids-de-poule! En tant que métropole qui s’assume, Montréal doit travailler à l’amélioration de la qualité de vie de tous ses citoyens. Sur ce plan, Montréal a des atouts : une riche diversité ethnique et culturelle, un réseau d’organismes de la société civile dynamique et reconnu sur la scène internationale pour ses pratiques innovantes (culture, environnement, économie sociale, communautaire, tables de quartier).
On rêve tous d’habiter une ville, un quartier où il fait bon vivre : avoir un emploi, un logement
décent, des services à proximité, se divertir. Voilà le défi de la métropole!
Pour réaliser ce défi, Montréal devra oser. Oser prendre le temps de bien faire les choses. Oser placer la qualité de vie (dans une perspective de développement durable) en tête de liste. Oser avoir un préjugé favorable pour sa population plus défavorisée. Oser impliquer la population dans ses décisions. Oser s’appuyer sur les forces de la société civile. Oser se mobiliser afin d’obtenir des engagements de Québec et d’Ottawa. Oser innover (amener les promoteurs à construire du logement pour les familles, adopter des mesures qui permettent à un quartier de se doter des services de base, etc.). Oser tourner le dos aux éteignoirs de l’imagination en matière d’aménagement urbain et d’architecture.