Un plaidoyer en faveur des communautés au « Forum montréalais : La démocratie au coeur de la transition »

Un plaidoyer en faveur des communautés au « Forum montréalais : La démocratie au coeur de la transition »

Le mardi 26 novembre 2024, la CMTQ a contribué à l’organisation du Forum montréalais « La démocratie au coeur de la transition » avec Transition en commun, le CRE-Montréal, le CÉSIM et Culture Montréal. Cet événement a rassemblé près de 200 personnes afin de discuter et réfléchir autour de propositions pour consolider et renouveler le cadre démocratique à Montréal. Joakim Lemieux, coordonnatrice des activités à la CMTQ, a pris la parole à l’ouverture du Forum pour mettre en lumière les quartiers et l’engagement des communautés sur tout le territoire, et la nécessité de reconnaître le pouvoir d’agir à l’échelle locale.

« Parler de Montréal, sans parler de ses quartiers, quant à moi, c’est presque une absurdité. C’est voir l’arbre, mais refuser de voir toute la forêt magnifique qui se cache derrière, tout cet écosystème complexe, riche et diversifié, qui se déploie aux quatre coins de l’île. Parler des quartiers, au fond, c’est rassurant. C’est ramener la grand-ville à une échelle humaine, une échelle du quotidien, de la proximité et de la familiarité. De petits territoires découpés par l’histoire, par l’urbanisme, par les fusions et les défusions, qui portent les traces de celles et ceux qui y ont vécu. Des petits territoires dont les contours ne sont pas toujours formellement reconnus dans les documents administratifs : c’est surtout la façon d’y vivre ensemble et le sentiment d’appartenance qu’ils génèrent qui font foi de leur existence.  

Les quartiers, ce sont ces bouts de la métropole qu’on s’approprie, même dans le langage. C’est le coin de ma rue, c’est mon dep, c’est mon brigadier. 

Au cœur de ces quartiers, bien entendu, il y a les communautés. Les gens qui y vivent, les gens qui y travaillent. Ces gens qui connaissent leur milieu de vie comme le fond de leur poche, qui savent où la circulation devrait être apaisée, où vivent les personnes qui ne mangent pas à leur faim, à quel endroit il faudrait construire un terrain de soccer ou planter des arbres.

Quand on connaît bien notre territoire, quand on y est attaché, il y a cette chose formidable qui se produit : on a envie de le protéger, de le défendre, lui et les personnes qui vivent dessus. À Montréal, on doit aimer nos quartiers pas mal, parce qu’il y a de l’engagement citoyen au pouce carré. Ça se regroupe dans les conseils d’établissement de nos écoles, dans les Communautés des possibles, dans les organismes communautaires, dans les ruelles, dans les comités logements, etc. De cette multitude de formes d’engagement émergent des tiers-lieux citoyens, des murales, des entreprises d’économie sociale, des jardins, des réseaux d’entraide entre voisin·es… Des fois, c’est plutôt de la colère qui émerge. Une colère qui nous mobilise contre des projets qui n’ont pas d’allure dans notre quartier. L’implantation d’un casino. L’éviction de personnes âgées d’un RPA. La destruction d’un boisé et d’un terrain vague… 

L’histoire nous a montré maintes et maintes fois que la voix des communautés est puissante et incontournable parce qu’elle n’est pas “conceptuelle”, elle n’est pas “pelletage de nuages”, ni “paroles creuses”. Elle part du vécu, elle prend racine dans la réalité concrète d’habiter un territoire. 

Parce qu’elles connaissent autant leur quartier, parce qu’elles en ont une expérience quotidienne, les communautés ne sont-elles pas les mieux placées pour décider de l’avenir de leur territoire?

Il y a environ 20 ans, à Montréal, une innovation démocratique importante a été réalisée, pour redonner un peu de pouvoir aux communautés. Des visionnaires à la Ville, à Centraide et à la Direction régionale de la santé publique se sont unis avec les Tables de quartier de l’époque, pour créer l’Initiative montréalaise de soutien au développement social local. Cette initiative soutient l’action collective dans les quartiers pour améliorer la qualité et les conditions de vie des populations, pour lutter contre la pauvreté et les inégalités sociales. C’est aux Tables de quartier que l’on a confié le mandat d’animer ces processus de concertation et de coconstruction, qu’on appelle aussi, du développement des communautés dans notre jargon à nous. Grâce à cette entente, dans 32 quartiers de Montréal, des communautés décident ensemble des enjeux et des actions à prioriser pour leur milieu de vie. Les Tables de quartier travaillent dans une forme de gouvernance partagée en réunissant la société civile (résident·es, organismes communautaires entre autres) et les institutions locales.

Parce que l’Initiative montréalaise n’est pas qu’une simple entente financière, ça, c’est bien important de le noter : elle engage aussi la Ville de Montréal et ses arrondissements, et la santé publique et ses CIUSSS, à participer à nos démarches locales, à en devenir des partenaires. Ce qui en fait, à mon sens, un réel outil de démocratie locale ascendante. 

Si je résume, donc. On a plein de quartiers et de communautés engagées, on a 32 structures permanentes de solidarité sociale locale et de nombreuses innovations et outils issus du chantier sur la démocratie 1.0… C’est un bon début. Comment on fait, maintenant, pour aller encore plus loin? 

Il y a certainement des pratiques existantes à consolider, à renforcer… Tout n’est pas parfait. Il y en a aussi d’autres à créer pour s’assurer que cette voix des communautés soit pleinement entendue et pleinement considérée. Pour que la richesse de ces savoirs expérientiels oriente davantage nos décisions collectives. Aujourd’hui, je nous souhaite de nous poser toutes ces questions et plus encore, et de sortir de cette journée en nous disant que construire ensemble la ville que nous voulons, ça se peut. »