Par Yves Bellavance et Joakim Lemieux
Le gouvernement du Québec a publié vendredi, via communiqué de presse, le 4e Plan d’action gouvernemental visant la lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale. À la lecture de ce plan, nous ne pouvons que partager la déception du Collectif pour un Québec sans pauvreté et de la Table nationale des corporations de développement communautaires (TNCDC). Le plan ne contient aucune mesure structurante pour assurer à toutes les personnes une vie digne.
Difficile à concevoir dans un contexte où les crises s’accumulent et s’accélèrent, et où la précarité est de plus en plus visible dans l’espace public. Et nous sommes bien placé·es à Montréal pour en constater les impacts dévastateurs. Nous sommes donc déçu·es du manque de sensibilité et de cohérence face aux défis qui nous attendent collectivement.
Cette situation, la ministre Chantal Rouleau la connaît très bien tant que députée de la métropole. Nous la félicitons d’avoir rencontré des groupes montréalais, dont plusieurs de nos membres, lors de sa tournée de consultation. Même si la ministre ne nous pas rencontré·es malgré nos demandes, nous avions déposé un mémoire faisant état de la situation vécue à Montréal. Nous avions donc espoir que le Plan allait refléter ces échanges, qu’il allait mettre en lumière les enjeux vécus par les populations en situation de pauvreté. Ce n’est pas le cas.
Nous trouvons désolant que le gouvernement n’ait pas retenu de leçons à la suite de la pandémie sur les effets positifs que peuvent avoir des politiques de soutien au revenu plus généreuses (le graphique de la p. 87 est particulièrement parlant à cet égard). Pourquoi ne pas avoir exploré cette voie et proposé des solutions plus audacieuses pour réellement sortir les gens de la pauvreté?
Nous saluons la reconduction des Alliances pour la solidarité, que nous avions recommandée dans notre mémoire. Toutefois, nous allons attendre les détails avant de nous prononcer à propos de la bonification pour Montréal, les besoins étant très nombreux avec toutes les crises sociales que nous vivons.
Nous saluons également la volonté de travailler plus efficacement à lutter contre l’insécurité alimentaire en soutenant des projets, bien que le soutien au revenu des personnes soit la voie la plus porteuse en ce sens. Encore une fois, les organismes communautaires locaux qui interviennent directement auprès des populations en matière de sécurité alimentaire semblent avoir été oubliés. Ce sont dans ces organismes que les personnes en situation de pauvreté peuvent s’impliquer sur le terrain. Répondre à la demande croissante, sans épuiser les ressources humaines qui sont déjà à bout de souffle, est un énorme défi. Nous espérons vivement que le comité consultatif composé d’organismes de la société civile qui sera créé pour soutenir le Comité de coordination interministériel en matière de sécurité alimentaire permettra à ce message d’être entendu.
Enfin, nous déplorons que le Plan n’ait pas réussi à débloquer de nouvelles sommes en matière de logements sociaux, alors que la crise du logement abordable est plus importante que jamais et qu’il s’agit de la solution clé pour sortir des milliers de personnes de la pauvreté et de l’itinérance. Si le gouvernement veut réellement faire preuve de sensibilité à l’égard des enjeux de logement vécus par la population en situation de pauvreté, il doit considérer l’habitation comme un droit en l’inscrivant dans une politique nationale.
Nous voyons d’un bon œil le fait que ce plan soit évolutif et il faudra absolument qu’il le soit. Nous serons toujours disponibles pour en discuter avec la ministre et collaborer aux travaux afin de le bonifier et d’y proposer des changements.